Extrait
« Nicolas en était convaincu, un de ses collaborateurs l’avait vu un jour rentrer ou sortir de ce cimetière. Sans doute
s’agissait-il de Jean-Bernard, l’hypocondriaque que tout le monde appelait JB, celui qui sortait toujours faire sa marche
le long des boulevards durant la pause de mi-di. De cette étrange découverte, il avait dû faire part aux autres collègues.
Un jour que Nicolas retournait à l’agence, ses collaborateurs étaient tous près de la machine à café et, d’un ton
moqueur, Constance, celle qu’il avait en grippe, lui avait lancé :
— Nicolas, vous venez du cimetière ?
— Oui… pourquoi ? répondit-il, très surpris qu’on soit au courant. Il n’y a pas de parcs dans ce quartier, alors je suis
allé me promener dans ce lieu.
— Mais enfin, au cimetière, il faut en avoir envie, reprit Constance avec son sourire narquois.
— Tu sais, c’est toujours mieux d’y aller vivant que mort, dit Nicolas avec embarras. Pour moi, c’est comme un parc.
Dans beaucoup de pays, les morts reposent dans les bois, dans les jardins publics, au milieu des promeneurs, ajouta-t-il
avec un air d’excuse. »