Extrait
« En France, l’athlète qui allie les trois principales qualités pour être un champion hors pair sur la distance reine du 5 000 mètres, est un ch’timi d’origine polonaise. Dans les années 1960, Michel Jazy est la quatrième personne la plus appréciée des Français, après De Gaulle, Brigitte Bardot et Raymond Poulidor. Tout près du podium donc. En revanche, dans sa discipline, il n’a pas de concurrence sauf pour un temps avec Michel Bernard sur le 1 500 mètres. Mais ce dernier ressemble plus à un baron noir qu’à un prince vaillant. Sur la piste, c’est comme un court métrage : un peu moins de quatorze minutes d’un mélodrame riche en rebondissements, conclu par un happy-end. Dans l’hexagone, après le drame algérien qu’on veut vite oublier, les foules se pressent pour venir voir ce coureur sympathique, fougueux et généreux, faire le spectacle dans une ambiance de 14 juillet. En fin de semaine, la foule parisienne va voir Brel enflammer la salle de Bobino, Dalida faire palpiter les cœurs à l’Olympia, admirer la foulée aérienne de Michel Jazy dans les stades de France ou sur la première chaine en noir et blanc. Généreux dans l’effort, courant toujours pour la victoire, notre héros national donne rendez-vous à ses admirateurs, pour partager sa joie. »