Extrait
« Cela fait trente minutes que le petit avion s’est envolé. Je vois de la forêt à perte de vue, c’est un immense tapis vert avec des arbres triomphant de beauté. Le trajet devrait durer entre une à deux heures, selon le pilote. Une passagère s’adresse à une enfant enrobée qui doit être sa fille :
Dans une heure, on y est ! Le temps est magnifique !
Ma voisine de siège semble rêver, le visage presque collé au hublot. Elle admire peut-être la nature luxuriante, comme moi. Je suis subjugué. Déjà, dès que j’ai foulé la terre de Guyane, j’ai reçu une décharge de chlorophylle, moi le Pari-sien pur sucre. J’ai mal aux yeux de tout ce vert, de cette forêt primaire rédemptrice. J’ai envie de partager mon enthousiasme, de lui parler dans cette promiscuité des petits espaces, des gestes. Elle ne semble pas vouloir engager la conversation, dommage ! Sa tignasse afro, telles les feuilles d’un saule pleureur, lui couvre presque le visage.
»